Clara Olivares, compositrice / composer

“L’effluve envahissante imprègne et dénature
Tout ; notre air s’assimile à l’air qui le sature ;
En un ciel inconnu notre ciel est changé.
Partout en un moment le virus propagé
Fond sur les eaux, s’abat sur les biens de la terre ;
Tout ce qui nourrit l’homme et les troupeaux s’altère.
S’il s’échappe dans l’air, l’air même nous le rend :
Le mélange nous baigne, et, rien qu’en respirant,
Force est d’en absorber les ondes purulentes.”

— Lucrèce, De la nature des choses (De rerum natura)

Dans cette pièce, j’interroge notre relation au temps pendant les périodes de confinement de la pandémie mondiale de 2020. En effet, coincés dans cette situation d’enfermement, le temps nous paraît figé, lent, et en même temps les jours passent plus vite que jamais. Le déroulement temporel est alors mouvant, flexible, perçu de multiples façons à différents moments du jour. Cette expérience a généré en moi l’envie de travailler sur des tempos relatifs, avec la volonté de brouiller les repères temporels de l’auditeur.
Dans cette pièce, j’ai fait appel à une large palette de timbres pour chacun des instruments. La clarinette basse joue un rôle central, tandis que le violon et l’alto alternent entre des moments où ils forment un jeu d’hybridation avec la clarinette, et des moments plus solistiques.
Le caractère est vif, violent, avec quelques moments flottants, hors temps, des reprises bruitées des premières mesures, et un solo final en suspension, dans le souffle de la clarinette basse. La forme est établie selon des principes de répétition de mêmes matériaux étendus, étirés, masqués, rendus à leur état initial, et selon des systèmes de changements d’échelles.

Clara Olivares, septembre 2020

Infos

Violon, alto et clarinette basse

Durée de l’œuvre : 12′

Ecoute intégrale sur le site de France Musique, à 3’13 :

France Musique